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16 novembre 2011

L'agenda 12 de Crolles est-il durable ?

Non, vous avez bien lu 12, pas 21 !
Parce que 12 n'est ni un diviseur ni un multiple ni un inverse ni un opposé de 21.
Parce que 12 n'a en commun avec 21 que les chiffres qui le composent.
Parce que le document distribué cette semaine dans nos boites à lettres est passionnant par tout ce qu'il ne dit pas ... mais n'est certainement pas un "Agenda 21".
1972 : au sommet de Stockholm, les représentants des États du monde affirment l'indispensable protection de la nature pour les générations futures.
1992 
: après la déclaration Brundtland -et pas Brundhand comme indiqué dans le bloc-note imprimé à grands frais sur un papier bistre, comme l'étaient au début des années 90 les papiers recyclés des derniers baba-cools et des premiers bobos- le concept de développement durable acquiert ses lettres de noblesse lors de la Convention de Rio, rédigée par les représentants des sociétés du monde.
convention Rio.jpgLe glissement idéologique en 20 ans est majeur, il faut désormais poser le développement sur trois piliers. L'écologique, le social et l'économique. La démocratie représentative ne suffit plus. Le progrès ne sera durable que s'il est le fruit d'une conception participative, issue d'une démarche de gouvernance partagée, d'adhésion des acteurs et de co-construction avec l'ensemble des membres de la société civile. L'Agenda 21 est, et n'est qu'un outil d'application de ces principes nouveaux visant à fixer ensemble des objectifs de développement durable et un calendrier de mise en œuvre des actions.

2012 : c'est sans doute pour fêter le quarantième anniversaire du sommet de Rio qu'à quelques semaines du nouvel an le conseil municipal de Crolles approuve -avec une unanimité étonnante après certaines oppositions exprimées ouvertement - un opuscule pompeusement baptisé Agenda (21)12. Le compte-rendu du Conseil municipal dans le Dauphiné suffirait presque à illustrer le vide abyssal qu'il révèle.

Sur la méthode d'abord : à aucun moment, malgré des demandes répétées -répétitives même- de certains, il n'a été possible d'obtenir des comptes-rendus de la réunion précédente avant celle qui la suivait. Les participants n'ont donc jamais pu préparer leur réflexion, condamnés à s'exprimer dans un cadre prédéterminé dont il convenait de ne pas s'écarter. Spectateurs plus qu'acteurs, nombreux sont ceux qui, las d'un investissement personnel manifestement inutile, ont laissé le projet s'enfoncer dans l'auto-satisfecit qui est désormais son empreinte.

Sur les acteurs ensuite : alors que certains participants l'avaient proposé, les initiateurs du projet ont manifestement refusé que le monde de l'emploi d'une part et celui de l'économie d'autre part soient présents autour de la table ; le sommet de Rio avait été marqué par la présence, aux cotés des représentants élus des États et des entreprises relayées par leur lobbies, du monde des associations et celui des syndicats : à Crolles, une commune dont les habitants ne sont qu'une part des résidents puisque 4000 personnes viennent y travailler quotidiennement, pas de comité d'entreprise ni de syndicat autour de la table ; pas de représentants du monde économique non plus d'ailleurs !

Sur le résultat donc : quand on sait qu'un Agenda 21, dans son acception actuelle, est plus riche par la dynamique locale qu'il crée lors de son élaboration que par les actions qu'il décrit dans sa formalisation, le refus des élus crollois d'engager un projet réellement participatif -à la fois dans la définition de ses objectifs, de ses modalités, de ses moyens- a suffi à travestir un outil de progrès en catalogue de vœux pieux.

La lecture des 56 actions retenues est à cet égard édifiante. Elles ont trois points communs :

  • elles ne s'intéressent qu'aux piliers écologiques et sociaux : l'équilibre en trépied du développement durable est donc absent faute de prise en compte de l'enjeu économique.
  • la gouvernance partagée, garante de l'amélioration continue du projet, est également absente, les termes "informer" et "communiquer" limitant la participation citoyenne à une soumission bienveillante des administrés sans aucune possibilité d'interaction dynamique.
  • pratiquement aucune n'est née des réunions d'informations qui ont été organisées : le recueil produit est ainsi un catalogue d'actions vertueuses déjà engagées par ailleurs, certaines relevant même simplement de l'application de la loi !

Alors, 12 ou 21 ?
12 assurément !
Le nombre et les tendances diverses des élus créent, au sein de la communauté de communes Le Grésivaudan un brassage d'idées évidemment plus vif que celui qu'on observe dans notre conseil municipal : la démarche d'Agenda 21 pourrait donc aboutir à un résultat plus … probant.
Mais serons-nous seulement invités à participer à ce projet communautaire lancé il y a déjà deux ans par une délibération du conseil ?
Rien n'est moins sûr puisque ceux qui en ont la charge sont … les mêmes qu'à Crolles !

Emmanuel Wormser

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